samedi 17 mars 2012

Trail des Poilus 2012





Avant le départ :

Bon bah ça y est, nous y sommes, L'objectif de ce début d'année est arrivé ! Un peu trop tôt à mon goût puisque je n'ai pas vraiment l'impression de m'être préparé correctement : une reprise un peu plus sérieuse depuis les vacances de Noël avec, dans les meilleurs semaines, seulement trois sorties et jamais plus de 50 km au total. Autant dire que l'épreuve est abordée avec humilité d'autant plus qu'il s'agit de ma première confrontation avec une épreuve de ce niveau (que ce soit en distance et dénivelé).

Malgré tout l'engagement est pris en compte, donc en ce dimanche matin c'est avec une légère appréhension que nous faisons (avec Guillaume, mon frère lui aussi engagé et Madame qui nous suivra tout au long du parcours) les 2 km nous séparant du lieu de départ : le Château d'Olhain !

Ayant récupéré nos dossards la veille et n'ayant pas eu besoin d'utiliser les navettes, nous sommes quasiment les derniers à entrer dans la cour du Château ! Pas très bien géré de notre part, puisque nous avons très peu le temps de profiter du lieu plus occupés à nous débattre avec le système d'attache de nos puces qu'à écouter les quelques mots des organisteurs, ainsi que de Monsieur le Maire de Fresnicourt le Dolmen.

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Le départ :

9h30. Pour moi les sentiments se mêlent :
 - la joie d'être au départ de cette belle épreuve à domicile, dans ce lieu magnifique ;
-  l'impatience d'être réellement au coeur du sujet et de m'accrocher à ce que je peux pour avancer ;
- la peur de ne pas arriver au bout, explorant pour la première fois des temps de courses inconnus.

Une fois les chronos déclenchés, nous sortons parmi les derniers du Château, profitant ainsi un maximum de l'ambiance des lieux et de la musique. Le tout donnant à ce moment comme un parfum de début d'aventure.

Nous bifurquons immédiatement sur la gauche et contournons la bâtisse. Sur les bords du plan d'eau, nous profitons de point de vue différent. Le rythme est pour le moment à la randonnée "active".
Après quelques hectomètres de chemins herbeux, ça bouchonne sévèrement ! Bison Futé n'avait rien annoncé mais force est de constater que le réseau routier nouvellement créé n'est pas fait pour assumer une telle affluence ! Le pont construit spécialement pour l'occasion fait office de premier artifice pour étirer un peu le peloton.
Après plusieurs minutes d'attente, nous passons à notre tour mais nous nous arrêtons à nouveau pour une éliminer les excès de la veille. Un petit coup d'oeil derrière nous pour réaliser que nous ne sommes pas loin de clôturer le peloton... Je crois bien que pour la gagne, c'est raté ! Mais il faut tout de même s'y mettre un peu plus sérieusement car je n'ai pas prévu de frontale.

Première petite grimpette dans les prairies aux abords de Gauchin le Gal avant d'entamer une longue portion roulante jusque Fresnicourt. Là, premier coup au moral : le paysage dégagé nous permet d'apercevoir les premiers passant déjà devant le Dolmen alors que nous en sommes encore bien bien loin. Impressionnant !

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Olhain :

Après cette mise en jambe, il est temps d'attaquer les choses sérieuses.

Arrivée sur les hauteurs de Fresnicourt, nous plongeons directement vers le coeur du village en empruntant un chemin étroit bordé de barbelés. Rien de trop technique en soi mais la densité du peloton, encore assez importante à cet endroit, fait sa première victime... Une concurrente n'ayant probablement pas pu anticiper les obstacles est blessée à la cheville. Déjà prise en charge par d'autres participants nous continuons notre route extrêmement déçus pour elle.

Quelques marches, 100 mètres de bitume et nous rentrons dans le vif du sujet ! Une belle petite grimpette débute aux pieds de l'église. Le temps sec des derniers jours nous permet de monter sans difficultés et nous commençons en même temps à dépasser pas mal de concurrents... 

Le cadre de cette première partie de course, nous le connaissons par coeur, alors il n'est pas question de nous y traîner. Même si il ne s'agit que de "l'entrée", impossible de dévaler les belles descentes le pied sur le frein alors les dépassements sont parfois un peu limites et les places se grignotent petit à petit ! Une fois traversée la route départementale, nous attaquons la partie bien connue longeant le golf avec sa longue montée où je peux compter sur les doigts d'une seule main les fois où je suis arrivé en haut sans stopper ma course. Cette fois-ci, je ne déroge pas à la règle...

Une fois sortie de ce sentier, nous réapparaissons sur les hauteurs du hameau d'Olhain avec pour la dernière fois un point de vue sur le site de départ. Là on nous avons le droit à notre première ascension sauvage. C'est apparemment dans ce type de portions que nous sommes les plus efficaces, nous y gagnons de nombreuses places sans nous fatiguer pour autant ! Doit-on nous en inquiéter ? Allons-nous le payer ?


En tout cas, le plaisir est au rendez-vous et les jambes tournent bien !
Après plusieurs montées-descentes, nous arrivons sur la partie du parcours la plus éloignée géographiquement de l'arrivée mais en même temps la plus proche de chez moi. Moins de 500 m à vol d'oiseau et je pourrai être tranquillement dans mon canapé à regarder je ne sais quelle "débilité".
Je propose, à tout hasard, à mon frère de rentrer ! Mais, il n'est apparemment pas intéressé. Tant pis, on continue...

Après une portion, sur un terrain plus calcaire extrêmement glissant en cas de pluie, nous débouchons sur les parkings de la base de loisirs. A partir de là, pendant plusieurs kilomètres nous allons sinuer sur des sentiers un peu plus roulants (sauf quelques rares exceptions !) et où les pentes se font un peu moins sévères.

Au moment de couper la D57, nous n'en sommes qu'à 16 km mais déjà les écarts entre les coureurs grandissent. A cet instant j'ai d'ailleurs perdu mon frère de vue suite à un arrêt "technique" de sa part. 
Avant de rattraper, le chemin longeant le centre d'enfouissement, nous traversons la route entre Verdrel et Barlin et passons dans une zone que j'apprécie traverser en fin de journée : un secteur peuplé de nombreux écureuils ! Pour aujourd'hui, aucun espoir d'en apercevoir, puisque plus de 200 coureurs sont déjà venus bousculer leur tranquillité.

Alors nous attaquons cette sente dont la pente progresse doucement jusqu'à nous obliger à marcher sur les derniers mètres, malgré les dizaines de personnes présentes pour nous encourager à notre arrivée sur la route nous menant à Verdrel. C'est ici que le terrain m'aura semblé le plus gras.

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Verdrel-Hersin :

L'arrivée du 18e kilomètre signe la fin du premier secteur caractéristique de la course. Nous débouchons sur la route menant à Verdrel, quelques centaines de mètres de macadam et nous récupérons à nouveau les chemins et notamment le GR127.

Là pendant près de deux kilomètres le terrain devient extrêmement plat. La foulée s'allonge un peu pour tenter, non pas de gagner quelques places, mais plutôt d'augmenter la moyenne horaire qui ne doit pas être bien élevée jusque là. Cette portion de transition permet également de récupérer un peu.
Bizarrement, c'est ici, complètement à découvert, que nous rencontrerons le plus d'eau ! Nous sommes donc obligés de slalomer par endroit afin d'éviter de nous retrouver les pieds trempés et subir ainsi les désagréments futurs qui vont avec...

Sur cette portion, je rattrape le bien connu René G. du club de Bours avec sa tenue bariolée et sûrement pas évidente à porter. Peut-être amuse-t-il la galerie avec son accoutrement mais une chose est sûre le terrain non ! Je le dépasse peu de temps avant de déboucher sur la D57 que nous n'empruntons qu'un court instant avant de plonger vers Hersin.
Le descente longe le centre aéré, théâtre du premier ravitaillement, mais il me faut encore affronter quelques obstacles avant d'y parvenir :
- le premier une descente rendue dangereuse par l'ornière qui la traverse, probablement créée par les ruissellements d'eau. On m'y pointera d'ailleurs 191e à cet instant ;
- le second. Une belle montée d'abord sur macadam puis à nouveau sur les chemins qui nous permet d'accéder enfin au ravitaillement tant attendu.

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Hersin-Bouvigny :

Je prends le temps de bien refaire le plein ! J'attends avec impatience l'arrivée de mon frère. A ma grande surprise, l'écart est finalement plus important que je ne pensais. Un peu plus de trois minutes, il arrive frais comme un "gardon" vraiment soucieux de se ménager pour ce qui nous attend. Quant à moi, étant déjà sur le départ, comme à chaque course, nos chemins se séparent au premier ravitaillement !

Deux verres de coca, quelques fruits secs et chocolat plus tard, il est temps de reprendre la route.

La reprise est plutôt roulante et nous amène par une belle descente finale jusqu'aux étangs d'Hersin (que nous ne traversons pas, dommage !). A nouveau, un petit kilomètre de macadam roulant pour rattraper le GR127 pour une longue montée. Je commence la montée en trottinant, mais je me ravise rapidement en adoptant la même tactique que tous mes voisins : l'économie !

Arrivé en haut, nous voilà à nouveau sur les sommets des collines d'Artois pour une nouvelle portion de plat nous amenant jusqu'à l'imposante antenne. Le terrain est ici fort caillouteux et finalement pas si reposant que ça !
Après avoir traversé la départementale reliant Servin à Bouvigny et avalé encore un peu de macadam nous attaquons la 2e vraie difficulté du parcours.

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Bouvigny :

Nous attaquons enfin les portions "privées" qui me font tant languir à chacune de mes escapades sur le secteur !

La première : le collège Saint François de Bouvigny. Niché, au pied de l'un des points culminant du département, les lieux possèdent un charme indéniable qui me donnerait presque l'envie de perdre 18 ans et de pour pouvoir y étudier. Mais en ce dimanche, seul le cours d'éducation physique est assuré et on peut dire que le professeur s'est lâché !
En guise d'échauffement une belle descente technique s'achevant par un premier pont enjambant le GR127. S'en suit, un slalom entre les rondins de bois fraîchement tronçonnés où l'un des mes prédécesseurs s'étale de tout son long, sans mal apparemment sauf peut être pour l'orgueil...
Une courte partie de plat avant d'enjamber à nouveau le GR127 et de remonter ce que l'on vient à peine de descendre ! Personne ne s'aventure à trottiner, nous marchons et tentons tant bien que mal de récupérer un peu et ou nous alimenter. Nous remontons, redescendons et remontons et redesc... Même sans forcer, la répétition des efforts fait son oeuvre, les jambes commencent à s'allourdir.

Après un peu plus de deux kilomètres de ce petit jeu, finalement pas si marrant, nous entrons brièvement dans Bouvigny pour un peu de plat. Là, impossible de récupérer, mon téléphone sonne. Aude s'inquiète de ne pas me voir arriver à notre prochain point de rendez-vous, elle pense m'avoir raté ! Je la rassure rapidement lui assurant que ce point (la ferme du Bois de Mont) est encore à un petit quart d'heure !!! Je réalise ainsi qu'il faut vraiment être parmi nous pour se rendre compte du parcours que l'on nous a gentiment concocté...

Elle en profite également pour m'annoncer que mon frère est en difficulté et qu'il avait déjà des crampes au niveau de l'antenne... Compte tenu de ce qui nous attends, je m'inquiète vraiment pour sa fin de course.

Avant d'attaquer le chemin de l'arbre couché (désormais tronçonné), petite surprise : une montée tracée au débroussailleur qui durcie encore un peu plus les cuisses ! On serpente encore un peu en évitant soigneusement les chemins balisés (sacrilèges !) et atteignons enfin ce point si connu de toutes les éditions des poilus. L'absence de boue et le tronc dorénavant coupé en deux, force est de constater que le mythe en a pris un sérieux coup !


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Bouvigny-Ablain :

Comme prévu, près de 15 minutes après le coup de fil me voici à la ferme du Bois de Mont, au bout de cette longue ligne droite en faux plat descendant. Impeccable pour récupérer un peu et augmenter la moyenne.

Avant d'entamer le chemin de terre, je retrouve Aude en charmante compagnie : un Z-trailer (dont je ne connais malheureusement pas le nom) ! Doublé un peu plutôt, je l'avais constaté en grande difficulté. Il cherche à rejoindre au plus court Ablain. Sachant que ce cela passe par le chemin à cailloux, il est préférable d'opter pour l'alternative motorisée... Voici donc Aude transformée en chauffeur de voiture balai ! J'espère en tout cas que ce traileur est désormais rétabli et qu'il sera un plus sage la prochaine fois (rentrer du ski la veille et enchaîner sur une telle distance, chapeau...) !
Je tiens aussi à souligner que monnayer les "services" de ma femme contre des barres vitaminées ou je ne sais quel gel "coup de fouet" me paraît pas très équitable !! J'espère qu'il se reconnaîtra et aura honte de son comportement...!

Après cet intermède, il est temps de reprendre notre progression et d'entamer les "vrais" difficultés. Pour commencer, à peine franchi le 30e kilomètre nous attaquons, selon moi, le plus belle endroit de la course : le grand-fossé ou chemin à cailloux.
Compte tenu des conditions météorologiques la semaine précédent la course, je m'attends au pire. L'endroit étant privé de lumière la majeure partie du temps, l'eau a du mal à sen évacuer. Mais là, énorme surprise, le chemin est toujours aussi étroit mais le sol est complètement sec. A cet instant, je remercie les plus de 700 participants du 24 kilomètres qui nous ont précédé dans cette ornière et qui en ont fait une véritable autoroute ! Le chemin est complètement damé ! Avec le concurrent me précédant nous adoptons une très bonne allure et finalement cette portion qui aurait pu être épuisante en devient quasi "reposante".

Un deuxième mythe s'écroule !

A la fin du chemin nous repartons sur les hauteurs du bois de Mont afin d'attendre de nouvelles parcelles privées, le cadre est très agréable et en ferai presque oublier les jambes qui deviennent de plus en plus lourdes. A partir de maintenant dès que le terrain s'élève, il me devient impossible de courir. Chose rassurante, aucun des mes voisins n'en est non plus capable.

Après une grande descente, nous empruntons le pont de bois enjambant le chemin à cailloux. Nous ressortons rapidement des bois, avant de les longer pour atteindre enfin le second et dernier ravitaillement.

A partir de cet instant, les jambes ne répondent plus vraiment et la tête a bien du mal à rester claire !

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Le final (partie 1) :

Les voici enfin arrivés ces fameux 12 derniers kilomètres ! Les survivants de 2010 et les organisateurs n'ont pas manqué de faire passer le message, il va falloir en garder pour la fin... J'en ai tellement entendu parler de ce final que je ne sais pas réellement si j'étais impatient ou inquiet de les découvrir !

Une chose est sûre, le temps est venu de les affronter et le moins que l'on puisse dire c'est que je ne suis pas des plus frais. Alors je prends mon temps à ce dernier ravitaillement. J'entrevois sur les hauteurs, du Mont Goudinon nous surplombant, quelques alpinistes ! Ce que je ne sais pas encore c'est que se sera à mon tour d'en être dans moins de 5 minutes.
Eh oui, à peine reparti on nous prie gentiment de prendre à gauche. Euh, mais il n'y a pas de chemin c'est normal... ?! Bon bah on y va alors... On s'accroche à ce que l'on peut pour grimper, impossible de dépasser alors on suit le mouvement. La montée n'est pas très longue, mais la pente tellement raide. Les jambes à peine reposées, elles sont à nouveau "sur-sollicitées".
Une fois en haut, nous redescendons immédiatement une partie de ce que l'on venait de gravir avec en point de mire le ravitaillement que nous venions à peine de quitter. Je me dis donc qu'il y avait sûrement moyen de trouver un chemin plus court et que les organisateurs ont probablement des défaillances de sens de l'orientation. Il faudra peut-être leur en toucher deux mots.
Nous finissons, après avoir suivi sur un sillon fraîchement découvert, par prendre la direction du bois de l'Abbé. A nouveau un peu de grimpette.

Je suis désormais sur des distances que je n'ai jamais pratiqué, mes jambes se chargent de me le rappeler. Impossible de courir dès que le terrain se corse, les cuisses hurlent dans la moindre descente, seul le plat donne un peu de répit.
Alors c'est vrai que le bas ne répondant plus, pourquoi pas ne pas solliciter un peu le haut du corps ? C'est sûrement dans un souci de diversification de l'effort physique que l'on nous propose, aux environs du km 36, de faire un peu de corde afin de passer un haut talus uniquement composé de terre. Etant donné la configuration du lieu, je ne vois pas une autre manière de passer cet obstacle. Merci, une nouvelle fois, au temps clément des derniers jours et merci également aux bénévoles présents de nous avoir hissé.

Je marche. J'ai l'impression de me traîner, mais finalement peu de concurrents me rattrapent. Si je résonne en kilomètres, je me dis que la fin est proche (moins de dix kilomètres), si je résonne en temps l'effort peu encore durer une bonne heure et demie. Je ne préfère pas y penser. Je continue de monter, monter, pourquoi ? Pour rejoindre les hauteurs de ces maudites Collines d'Artois et pour mieux les redescendre ensuite !

Nous réapparaissons côté Bassin Minier pour un court moment. Le temps de rattraper une nouvelle portion privée et ses surprises. Il n'y en aura qu'une : une longue montée sur un chemin large et finalement suivie d'un chemin roulant pour ce qui ont encore les jambes.

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Le final (partie 2) :

Cette partie relativement "calme" m'a permis de reprendre un peu le dessus. Je parviens de nouveau à prendre un peu de vitesse et regagner quelques places.

Nous finissons par rejoindre le haut du chemin du bois de l'Abbé. Nous le descendons un court instant avant de bifurquer sur le sentier qui pourrait tout à fait nous ramener jusqu'à Lorette. Au lieu de cela, le parcours nous emmène sur un secteur que je découvre complètement et dont je n'aurai même pas soupçonné l'existence : de magnifiques prairies offrant un panorama splendide sur l'arrageois. La visite débute par une belle descente. La pente est ici tellement raide que les jambes souffrent autant que s'il me fallait la gravir. Je me rassure au moins en me disant que l'arrivée se rapproche d'autant plus vite que nous dévalons cet endroit rapidement !
Mais bien évidemment, par respect pour ces lieux et leurs propriétaires, il est impossible que nous quittions les lieux si vite... Alors nous grimpons une seconde pâture nous ramenant sur les hauteurs du Mont Goudinon, serpentons quelques centaines de mètres avant de replonger cette fois-ci sur Ablin et rattraper brièvement des secteurs plus connus.

Quelques mètres de macadam nous permettent de gagner l'étroit sentier surplombant le ruisseau de la commune. Mais nous n'aurons que très peu de temps pour profiter de la quiétude de l'endroit. Rapidement, le sadisme des organisateurs refait surface. Nous voilà de nouveau contraint de nous accrocher aux branches pour suivre le tracé.

Je double à cet endroit plusieurs "morts vivants". Je m'inquiète de leur état, mais rien de grave, ils n'ont tout simplement plus de carburant dans le moteur ! Après avoir traversé à nouveau de belles pâtures, nous regagnons la civilisation. Nous contournons le terrain de football pour attaquer de plus bas une nouvelle difficulté. A l'heure de mon passage, les joueurs sont à l'échauffement, j'en déduis qu'il est au moins 14h30... En d'autres termes 5 heures se sont déjà écoulées depuis le départ. L'objectif que je me suis fixé de terminer en moins de 6 heures se rapproche.

La portion qui suit nous emmène le long d'un champ labouré. Une nouvelle fois merci à mes très nombreux prédécesseurs pour le travail de damage accompli ! Je rattrape ici la 4e féminine qui semble sérieusement accuser le coup. Nous passerons ensemble la succession de montées-descentes très raides le long de la Blanche Voie. Cette portion aussi épuisante mentalement que physiquement aura raison des dernières miettes de mon petit regain de forme.

Même si les jambes ne répondent plus je suis désormais bien conscient que la fin et proche et que l'objectif va être atteint. Dans la montée nous ramenant pour l'avant dernière fois jusqu'aux sommets de ces collines, je dépasse à nouveau plusieurs concurrents. Je finis même par reprendre un concurrent m'ayant soutenu au pire des moments pour moi. C'est à mon tour de tenter de l'aider.

Nous dévalons ensemble la courte portion de GR127 et entamons la portion à travers champs nous amenant à l'ultime difficulté. Le souffle haletant, nous trouvons tout de même le moyen de discuter un peu et d'échanger nos premières impressions sur ce que nous étions entrain de vivre. Pour l'un, comme pour l'autre, cet échange permet d'occulter un instant notre état de fatigue.

A l'entame de la dernière ascension, un léger écart s'est creusé entre nous. Je l'encourage à me rejoindre mais il n'en a plus la force. Je m'engage donc seul à travers ces arbres.

Malgré le monde présent, il ne m'est même plus possible de tenter de faire bonne figure en trottinant quelques mètres. Les cuisses en feu, la tête vide, ce sont mes mains poussant sur les genoux qui me permettent de me hisser. Une fois en haut, un peu de schiste, une dernière petite bute et c'est la dernière ligne droite.

L'objectif est atteint, mais au prix de quels efforts ! Je termine finalement classé 117e en 5h40.

Guillaume conclu finalement 199 en 6h04 minutes. Il arrive quasiment aussi frais que lorsque je l'avais quitté au premier ravitaillement. Les crampes qui lui ont empoisonnées sa seconde partie de course ont eu au moins ça de bénéfique : impossible de tirer trop sur les jambes ! Contrat également rempli pour lui.

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L'après-course :

Passé l'énorme fatigue d'après course. Il me revient de cette course que de grands moments de bonheur. La souffrance endurée est déjà bien digérée. Désormais qu'une seule envie, celle de remettre ça au plus vite !
Un énorme merci aux organisateurs et aux très nombreux bénévoles pour le travail accompli. Ce fut en tous points grandiose !

Voici le lien de la vidéo sur le site officiel de la course :


lundi 5 mars 2012

Trail du Blanc Pignon



Tout d'abord je tiens à m'excuser auprès des organisateurs, parce que je suis venu sur cette épreuve sans grande motivation, plus boosté par mon frère qu'autre chose, m'attendant à un parcours plat, droit et pas très passionnant...

Eh là, grosse erreur de ma part : une belle organisation (dans le cadre du camping du Blanc Pignon) et un parcours de 30 kilomètres varié et très technique sur sa première partie avec des passages dans plusieurs portions privées, dont le très joli château de la Calotterie (photo ci-dessus issue du site de la course).

Départ devant la mairie de la Calotterie commun aux deux courses (15km et 30 km) à 9h15. Nous entrons directement dans le parc du château. Difficile d'apprécier le cadre dans lequel nous nous trouvons, compte tenu du brouillard dense qui ne nous quittera que sur les coups de 11h...

Rapidement c'est l'embouteillage dans les premières pentes boueuses. Après moins de 1 kilomètre, 200 traileurs se marchent vite dessus... Donc on patiente pour descendre chacun notre tour vers le camping et commencer réellement la course. Après avoir sillonné les hauteurs Blanc Pignon pendant plusieurs kilomètres nous entrons dans le vif du sujet après avoir traversé la D146.

Là, pendant une dizaine de kilomètres ce ne sera qu'une succession de montées descentes à travers les bois Bécasse et Marchand, sur un terrain boueux et très techniques. A de nombreuses reprises des cordes ont été installées pour que nous puissions continuer notre progression. Bien souvent, la trace que nous devons suivre semble avoir été créée pour l'événement.

C'est clair, je ne m'attendais pas à ça ! Pas encore à mi-course, cette sortie, qui ne devait être qu'un entraînement pour l'objectif du 11 mars, se transforme en une vraie épreuve. Le physique est déjà bien entamé mais "normalement" le parcours doit s'aplanir... La sortie de la partie boisée du parcours se fait par Sorrus et nous rattrapons rapidement des chemins beaucoup plus roulants, notamment le GR121).

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Après 3 kilomètres complètement perdu dans la brume sur des chemins plus larges et roulants, tout à coup apparaît une masse noire juste en face de moi ! Me voici arrivé au pied des remparts de Montreuil sans même les avoir vu venir et avoir pu les contempler. Tant pis pour le tourisme !

Après un arrêt d'une petite minute au seul ravitaillement du parcours. C'est parti pour la seconde partie "technique" du parcours mais en restant, à mon grand désespoir, toujours en bas des remparts... A plusieurs reprises, nous avons la possibilité de voir les coureurs devants et nos plus proches poursuivants. Je cherche après mon frère que j'ai perdu quelques kilomètres plutôt, mais en vain. On ne se reverra qu'à l'arrivée !

On quitte rapidement le secteur de la citadelle pour entamer la dernière partie, celle des bords de Canche et des marais environnants. Cela commence par une partie de macadam pas très passionnante, avant de quitter par un chemin très étroit ou l'on pourrait facilement terminer à la nage en cas de sortie de route ! Là, pendant plusieurs kilomètres le terrain devient très spongieux et la progression se fait plus lente. Le temps sec des derniers jours nous permet de ne pas nous épuiser de trop.
Enfin, ce n'est valable que si l'on n'est pas en surrégime. Ce qui n'est bien sûr pas mon cas puisque je paie déjà le fait d'avoir sous-estimé la première partie du parcours !

Après les marais, petit tour sur les bords de Canche pour une grande parabole sur les bords du cours d'eau où, là encore, nous pouvons observer nos poursuivants pendant plusieurs minutes, ce qui me donne la fausse impression que les écarts se resserrent.

Nous sortons de cet environnement et rentrons à nouveau dans les marais par le GR121. Les forces commencent sérieusement à m'abandonner mais la fin approche...

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Le parcours est désormais plat, nous passons à nouveau devant le Château de la Calotterie, mais cette fois-ci par la route en contrebas. Nous quittons à nouveau la route pour repartir dans les marais sur des sentiers très roulants. Je n'ai plus aucune force dans les jambes, c'est désormais la tête qui prend les choses en mains (ou plutôt pieds)...

Je ne sais pas à combien de kilomètres j'en suis mais j'avais estimé à un peu moins de trois heures mon chrono sur cette course. Le problème c'est que ma montre est arrêtée. Impossible donc de me situer !
Le peu de lucidité qu'il me reste me permet de me repérer dans l'espace et je prends conscience que nous fonçons désormais droit vers la Calotterie : enfin, ça se termine ! Je puise dans mes ultimes réserves, double un concurrent ne semblant pas trop à la peine et je m'attend désormais à tout moment à voir arriver les derniers hectomètres.

Et là le drame ! Nous arrivons sur la route de Montreuil et au lieu de prendre à droite pour rattraper le camping nous partons à gauche !! Horreur, le peu de mental, qu'il me restait pour ne pas exploser, disparaît. Il reste en fait plus de trois kilomètres avec quelques petites côtes pas très méchantes mais désormais trop sévères pour moi. Je marche plus que je ne courre et me fait passer par trois concurrents dépassés plutôt qui ne manquent pas de me remonter le moral (merci à eux).

Finalement, je termine la course en 2h50 à la 37e place. Mon frère en 2h59 à la 42e place.

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Passée la grosse fatigue de l'arrivée, il en ressort une belle découverte sur ce trail aux trois visages : bois-remparts-marais.
Les plus :
- super première partie ;
- balisage au top ;
- Ravitaillement à l'arrivée avec la petite soupe.
Le moins :
- que les remparts ne soient pas plus exploités en kilomètres, dénivelés et cadres.

Bravo à eux !