lundi 25 juin 2012

Les 6 heures de l'Echo

DANTESQUE !

Ce mot résume à lui seul, les conditions rencontrées lors de cette nouvelle édition des 6 heures de l'écho.

Quelle idée d'organiser une telle épreuve en plein mois de novembre ?! Au mois de juin, là au moins nous serions sûrs d'avoir du beau temps ! Vraiment...

Alors au moment de préparer la tenue, j'opte finalement pour plusieurs tuniques que je me trimbalerai toute la journée sur le dos. Le temps de faire à pieds, le petit kilomètre séparant mon lit douillet du lieu de départ, je suis déjà trempé ! Ca commence bien ! Ajouté à cela, une cheville qui a doublé de volume suite à une petite entorse le vendredi en jouant au squash. Je me demande finalement si m'obstiner est une très bonne idée...

Une fois sur place, malgré les conditions, la foule est impressionnante ! Même si le terrain est mixte, les concurrents présents sont essentiellement issus de la route, en atteste les tenues multicolores représentant la majorité des clubs de la région et d'un peu plus loin encore ! D'une équipe à l'autre l'ambiance diffère du tout au tout : certains sont clairement là pour la compétition, d'autres ne sont clairement pas là pour ça...

La 1ère heure :

Au moment du départ, je me place en toute fin de peloton. Sous l'impulsion du speaker, tout le monde hurle à l'unisson le décompte, eh............. rien ne se passe...
Plusieurs dizaines de secondes à patienter avant d'esquisser le premier pas. Plusieurs minutes ensuite avant de pouvoir franchir les grilles du camping et commencer à trottiner. Le début de course est très prudent, je veille surtout à prendre de bons appuis et suis à l'écoute de ma cheville. Les premiers tours s'enchaînent sans difficultés, à mesure que la pluie s'intensifie le terrain en sous-bois devient de moins en moins praticable. Au moment de mon second passage sur la ligne je suis 72e des solos.

Tourner en rond pendant plus de 6 heures est une nouvelle expérience pour moi et j'ai déjà l'impression que ça ne va pas me passionner. Alors au bout d'une petite heure, sentant que ma cheville me laisse peu à peu tranquille, je cherche à me fixer un objectif.

Après un ou deux tours de réflexion, je m'arrête finalement sur celui de tenter de franchir le cap des 42 km en moins de 4 heures.

De la 2e à la 4e heure :

La pluie redouble, la partie la plus basse du parcours est désormais une marre de boue. A chaque passage dans cette portion, de plus en plus de boue s'accroche à nos jambes. Tels Mimi Cracra, les dépassements nous oblige parfois à sauter en plein milieu des flaques. De toute façon, nous sommes tellement trempés, nous le sentons même plus.

Je commence à prendre mes habitudes au ravitaillement situé dans la partie la plus ombragée du parcours. Enfin, ombragée si les cieux étaient avec nous ! Or, j'ai dans cette portion le sentiment que le jour ne se sera jamais levé. A chaque fois que je m'arrête pour trinquer, je suis extrêmement surpris : des dizaines de verres en plastiques remplis au tiers et renouvelés à chaque fois qu'un coureur se sert ?!
Quel est l'intérêt ?! Je boirai plus de dix fois à ce ravitaillement, soit autant de verres ! Ni une, ni deux, je prends le plis de me promener toute la course avec mon verre ! Même si j'ai eu plus l'impression d'ennuyer les bénévoles à réclamer d'être servi plutôt que me choisir l'un des verres déjà remplis. J'aurai au moins la satisfaction de ne pas contribuer à faire déborder les poubelles situés sur les 100 mètres suivants.

Les tours s'enchaînent, je me fais beaucoup plus dépasser que l'inverse. Je finis par rattraper Christophe (organisateurs des poilus), nous discutons de sa course débutée la veille. Il m'indique commencer à accuser le coups suite à une nuit abordée un peu trop rapidement. J'en profite également, pour lui demander des nouvelles de Philippe (grand favori du 24h) que je n'ai plus eu l'occasion de croiser depuis ma petite visite de la veille au soir. Comme je le redoutais, il a été contraint de lâcher prise après 13h de course... Cette édition est décidemment ravageuse !

Les passages dans le camping ne présentent pas l'euphorie attendue. Les jeux gonflables ont été remballés, les musiciens ont bien du mal à se réchauffer, seul le DJ bien à l'abris fera son office sans trembler.

Midi largement sonné, quelques téméraires allument les premiers barbecues. Si un tel régime n'était pas déconseillé dans ce type d'effort, je me laisserai facilement tenter. Au lieu de cela, je me contente de barres de céréales, bananes ou autres gâteaux secs.

Malgré ces tentations, à chaque tour, je grappille quelques places supplémentaires et je parviens enfin au seuil de mon objectif en moins de 4h. Contrat rempli, il est grand temps de faire une pause en compagnie de madame et ces collègues venus participer en équipe !

5e et 6e heure :

Plus réellement d'objectif pour la suite, on verra en allant... C'est que je me dis au moment de repartir et je suis déjà, en tout cas, bien soulagé de ne pas être géné par ma cheville !

Même si les forces m'abandonnent progressivement je me rassure en constatant l'évolution positive de mon classement ! A cet instant, je ne suis apparemment pas le seul à accuser le coup.

En comparaison, je n'ose imaginer dans quel état physique et mental se trouve la majorité des participants des 24 et 48h. Un monde auquel je ne sais pas, pour le moment, si j'oserai un jour me frotter. Toujours est-il que ces extraterrestres n'ont pas l'air si différent de nous ! Enfin si, un détail essentiel nous différencie : c'est bien eux qui ont l'air les plus heureux ! Alors, il faut reconnaître que c'est très tentant...

Peut-être est-ce justement dans une tentative de mimétisme que je réduis de plus en plus mon allure, jusqu'à entrecouper ma course de phases de marche toujours plus longues. Désormais, l'exigence du parcours se fait largement ressentir. Les successions de montées-descentes, les nombreuses relances, les changements d'adhérence où il faut veiller à ne pas sortir de la route, finissent par nous user.

Tous les deux tours, je m'arrête un instant afin de m'étirer et repousser du mieux que je peux les crampes qui me guettent. Je m'occupe l'esprit comme je peux en attrapant à chaque passage un nouveau cadeau tendu par les hôtesses de la marque S**** et l'offrant un peu plus haut à Madame !

A force de penser à autre chose, je réalise enfin que 16h approche. Trop arrosé, l'écran a été remballé prématurément, je ne sais donc plus le nombre de kilomètres parcourus. Je réalise toutefois que si je maintiens un rythme correct je pourrais encore franchir deux fois la ligne avant le gong et ainsi boucler un tour complémentaire. Je mobilise mes dernières forces dans cet ultime effort.

L'effervescence monte sensiblement. Indéniablement, compte tenu des conditions, nombreux sont ceux qui ne voient pas d'un mauvais oeil la fin du 6e tour d'horloge. Je parviens à franchir la ligne quelques minutes avant, me fraie un passage au milieu des équipes prêtes à se reformer pour un ultime tour d'honneur. Arrivé au ravitaillement, j'en profite pour prendre un dernier verre et remercier les courageux bénévoles restés cloîtrés sous leur tente 6 heures durant.

De retour dans le camping, tout le monde se mélange, les coureurs, les accompagnateurs, les enfants arpentent le parcours en direction de la ligne d'arrivée.


Au milieu de cette cohue, je me faufile pour finalement terminer l'épreuve 22e avec 62 kilomètres au compteur.


L'après-course :

Un impondérable...

On a beau mettre toutes les chances de notre côté, avoir une organisation réglée au millimètre, il est une inconnue sur laquelle nous n'avons aucun pouvoir : la météo ! Il est malheureusement impossible de masquer l'impact qu'ont eu ces conditions exécrables sur le déroulement de l'épreuve.

Si pour les concurrents, cet élément ne présente pas de problème particulier. En revanche, pour les animations et pour les spectateurs, l'impact aura été ravageur !

Même si pour les personnes présentes, les conditions importaient peu et que la bonne humeur était tout de même de mise, je n'aurai pas eu réellement l'occasion de découvrir cette ambiance si particulière qui fait la renommer de l'épreuve.

N'étant actuellement pas passionné par le fait de tourner en rond pendant un temps donné, je ne suis malheureusement pas certain de tenter à nouveau ma chance en 2013... Ou alors uniquement dans le but de découvrir, les "vrais" 6 heures de l'écho ! Ou plus...?!

lundi 11 juin 2012

Trail des Coteaux de l'Aa

Pour la troisième année consécutive, en ce début juin, je pars à la rencontre de la région de Lumbres et ses coteaux. Au cours des semaines précédentes, je me suis longtemps interrogé sur la distance que j'allais finalement affronter : le 30 km ou le 55 km. Finalement, je fis le choix de la raison préférant m'aligner sur la plus courte, d'une part, afin d'éviter de passer toute la journée à courir et d'autre part de continuer à gagner un peu de vitesse (mon niveau actuel ne permettant pas vraiment de pouvoir "courir" sur une telle distance).

En tout cas, à la vue des plans disponibles sur le site, le parcours nous promet encore de grands moments et beaucoup de nouveauté !
 
Après un léger embouteillage au retrait des dossards le départ fictif se fait avec un peu de retard.

Tel un berger menant son troupeau sur les routes de sa transhumance, A.Deplace nous ouvre la route à bord de son 4x4 jusqu'au lieu de départ réel. Une jolie procession dans les rues du village d'Elnes mais qui, à cette heure un peu trop "matinale", ne rencontrera qu'un succès plutôt modeste...

8h45. Le départ réel est donné à l'entrée d'un chemin herbeux. Après moins de 500 m, premier carrefour et première confusion ! On différencie rapidement les élèves studieux, des plus dissipés qui ont préféré discuter entre-eux plutôt qu'écouter le briefing... Résultat, la moitié des concurrents du 30 km tourne à droite l'autre à gauche. Pour moi, ce sera la première option et nous débouchons directement au beau milieu d'une carrière. La longue file des coureurs s'étire au beau milieu de ce paysage lunaire.

Dès le départ, on sent que les organisateurs se sont une nouvelle fois cassé la tête pour nous offrir de l'originalité ! Nous quittons l'endroit par un passage dans le bois du Fays. Peu après, à la croisée de plusieurs chemins, nous voyons réapparaître une bonne vingtaine de coureurs qui ont coupé comme ils pouvaient pour récupérer le parcours "officiel" !

Après avoir traversé deux routes, nous enjambons le ruisseau Bléquin avant de le longer en arpentant des pâtures et nous permettre de rejoindre le village de Bayenghem. Nous retrouvons ici tout ce qui fait le charme de cette épreuve : des portions fraîchement défrichées dans des cadres magnifiques !



Le Golf :

Arrivés au coeur du village, voici que se dressent devant nous les premières pâtures. Le peloton encore relativement dense s'étire un peu plus à la faveur de cette pente que personne ne s'aventure à courir.

Une fois en haut, comme à son habitude A.Delplace, est là pour nous encourager. Une courte partie de macadam avant d'emprunter un pont sous la N42. Nous récupérons une belle descente sur un chemin en cailloux jusqu'à l'entrée d'un bosquet où le terrain s'élève brusquement. En haut de cette côte, nous avons la grande surprise de nous retrouver au beau milieu du Golf de Saint-Omer (en réalité situé entre Acquin et Lumbres). Magnifique surprise !

Après à peine 5 kilomètres nous avons déjà eu l'honneur d'évoluer dans des environnements complètement différents ! Je profite de cette portion tout en descente pour m'alimenter un peu en prévision de la suite.

A peine avalé, ma barre de céréales je me retrouve pris d'une violente douleur dans le bas du ventre. Si je n'avais pas déjà subi l'ablation d'un fameux appendice, je jurerai que mon tour est venu ! En tout cas, la douleur me contraint de stopper ma course une bonne minute. Une fois celle-ci atténuée, je reprends lentement mon chemin en compagnie d'un autre eclopé victime, quant à lui, de ses ligaments. Nous faisons le yo-yo quelques kilomètres dans la partie boisée suivant le golf avant que ma douleur ne s'estompe finalement et que je tente enfin de rattraper le temps perdu.

Nous sortons des bois par un long chemin en monté, le macadam fait finalement place à la terre et aux cailloux. Nous passons à nouveau sous la N42 et nous entamons une partie peu passionnante, tout en montée le long de l'autoroute. Cette transition nous permet de récupérer de nouvelles pâtures sur les hauteurs de Bayenghem. Là, à plusieurs reprises je frise la correctionnelle dans des ornières cachées par les herbes. Malgré les pluies des derniers jours, le terrain demeure sec et rend, de ce fait, le terrain plus cassant.

Une fois le terrain plus propice, nous déroulons dans cette belle descente rattrapant la D204. A nouveau une petite portion de macadam afin de récupérer un nouveau trésor déniché par nos hôtes : une courte portion marécageuse ou nous enjambons un ruisseau, d'abord sur un joli pont puis ensuite sur un pont de fortune (formé de plusieurs bastaings). Eh oui le traileur est aussi bricoleur !

Nous arpentons à nouveau de nombreuses pâtures avant d'atteindre une belle grimpette agrémentée d'une corde. Pour ne rien changé à ses habitudes, dès que le parcours devient technique, Monsieur Delplace est là pour contempler son oeuvre...
Une fois en haut, c'est parti pour plus d'un kilomètre de descente très roulante jusqu'au village d'Affringues et son ravitaillement. Le terrain est parfait pour reprendre un peu de vitesse tout en s'économisant.

Retour sur Elnes :

Arrivé au ravitaillement, afin d'éviter les désagréments rencontrés plutôt, je décide d'alléger au maximum : un fond de coca et quelques fruits secs...

Nous repartons à travers le village et gagnons rapidement un nouveau chemin. La pente augmente pour très vite devenir impossible à courir. En tout cas pour moi, puisqu'à cet instant je me fais "déposer" par un autre concurrent qui parvient à courir une bonne partie de ce "mur" où en à peine 500 m, nous prenons 80 mètres de hauteur...(oui bon chacun à sa notion de "mur", pour moi ça, c'est déjà pas mal !).

Une fois en haut, nous rattrapons le hameau de St Pierre où se trouve un second ravitaillement. Même pas deux kilomètres depuis le précédent, cela me semble bizarre mais je reprends tout même un peu de coca. C'est une fois, le verre à moitié bu que je prends le temps de lire l'inscription sur la table : "Ravitaillement marche 14 km". Oups...! Bon bah maintenant que j'y suis, je vais quand même le finir. Je m'excuse mais apparemment je ne suis pas le premier (ni le dernier) à en avoir profité...

Après cela, arrive une portion ultra rapide de prêt de 4km tout en légère descente qui nous ramène jusqu'au village de départ. Ici, la moyenne kilométrique de chacun a dû sérieusement augmenter tant le terrain se prête à cela. J'en profite pour regrapiller quelques places.

Une fois dans Elnes nous passons sur le pont enjambant l'Aa. Je reconnais immédiatement les lieux et sais qu'il me faudra encore crapahuter une bonne heure avant d'avoir le plaisir de tester la fraîcheur de son eau... Au moment de mon passage, les spectateurs sont déjà nombreux à attendre l'arrivée imminente des premiers concurrents du 15 km. Distrait pas l'effervescence des lieux, je manque de me tromper de parcours et d'entamer avant l'heure et en sens inverse les coteaux calcaires du final.

Au lieu de cela, le parcours rattrape la sente longeant les bâtiments industriels de la papeterie. Une nouvelle fois ce passage me replonge deux en arrière quand nous avions emprunté cette portion dans l'autre sens.
Plus personne devant, plus personne derrière, pendant de longues minutes je cours seul sur ces chemins ombragés et encore gorgés d'eau qui nous mène doucement jusqu'aux bords de l'Aa.


Début des réjouissances :

Après plusieurs minutes à suivre seul le parcours balisé, je finis par entendre une musique de fond. Plus j'avance, plus cette musique s'intensifie. Et là après une dernière courbe, je distingue au bout de la ligne droite une forme multicolore s'agitant dans tous les sens... La musique se faisant plus claire, je reconnais enfin le style : le Carnaval de Dunkerque et reconnais, du coup, beaucoup plus facilement l'accoutrement de cette personne euphorique.

Me voici arrivé au ravitaillement tenu chaque année par cette équipe de joyeux drilles. A chaque année son style, après le country nous avons le droit, cette fois-ci, à quelque chose de plus typique. Je suis seul avec toutes ces personnes. En même temps que je me ravitaille, l'une de ces joyeux carnavaleux me fait l'éloge du "trailer". Elle me raconte que chaque année, elle prend un immense plaisir à être parmi nous et apprécie tout particulièrement notre gentillesse (malgré la souffrance !) et notre respect de l'environnement (avec nous rien ne traîne !). J'en profite pour lui présenter la magnifique poubelle portative récupérée aux poilus et qui ne me quitte plus depuis.

Avant de reprendre ma route ragaillardi par ces belles paroles, j'en profite à mon tour pour les complimenter sur ce bel état d'esprit qui me rend si envieux !

Le long de l'Aa, rapidement la musique disparaît pour laisser place aux pétarades d'un ball-trap. L'endroit en devient de fait beaucoup moins agréable et j'accélère un peu pour quitter rapidement les lieux et tenter de retrouver un peu de compagnie.

Les chemins larges font finalement places à des singles plus techniques au fur et à mesure que le parcours s'enfonce au milieu des arbres. Je me souvenais de cette partie difficile de 2010, à une différence près : la pente s'est inversée. La montée s'est transformée en une descente technique sur un terrain instable bordé de barbelés. D'ailleurs, alors que je rattrape un groupe de coureur, mon prédécesseur y laisse un de ses manchons.

Une fois arrivés en bas, sans surprises, nous remontons directement. La pente est ici beaucoup trop sévère pour que nous courrions. Le terrain n'étant pas trop gras, on parvient à progresser sans trop de difficultés. Une fois en haut, nous longeons un court instant un champ de blé avant de plonger à nouveau vers le chemin que nous venions de traverser. Dans ce toboggan, je m'accroche à ce que je peux pour éviter de prendre trop de vitesse et de partir en hors piste.

Une fois en bas, nous suivons la voie de chemin de fer jusqu'au passage à niveau. Je me souviens très bien de cet endroit de 2010 : il concluait une très longue descente sur un chemin goudronné. J'appréhendais de devoir reprendre cette portion pas très passionnante en sens inverse mais voilà le temps est venu...

Je traverse donc la voie prêt à entamer cette portion, et là énorme surprise ! Le fléchage nous indique de partir tout droit et d'escalader le coteau nous surplombant. Un véritable mur ! Au moins aussi abrupt que ceux nous attendant sur les hauteurs de Elnes. Voici une belle mise en bouche en attendant le plat de résistance. La progression est difficile, les cuisses et les mollets se durcissent, je suis obligé d'entrecouper l'ascension d'une petite pause afin de laisser reposer tous ces muscles en souffrance...

Au sommet, nous voici reparti pour une nouvelle partie technique à travers les arbres avant d'atterir sur le sentier goudronné redouté.

 
Le Mont du Blanc Chemin :

C'est parti pour plus de deux kilomètres d'une montée linéaire, d'abord au milieu des champs puis à travers le bois d'Elnes, où nous prenons plus de 100 m de hauteur supplémentaire. La progression est ici très lente mais toutjours en courant. Plusieurs concurrents font déjà les frais de départs trop rapides. Nous voici arrivés sur un des points culminants du parcours.

Il ne nous reste donc plus qu'à redescendre à travers de belles pâtures, enjamber les barbelés et regagner à nouveau les hauteurs du Blanc Chemin. Dans cette montée je rattrape un autre coureur clairement "dans le dur", nous échangeons quelques mots. De son propre aveu, il a sous-estimé le parcours et est entrain de le payer (le pauvre, s'il savait ce qui nous attend... J'espère que depuis, l'organisation a retrouvé son coprs !). Un peu plus loin, il trouve tout de même la lucidité de me rappeler à l'ordre ainsi que mon prédécesseur dont je suivais bêtement les pas, afin de nous ramener vers le bon chemin.

De là nous rattrapons une partie très technique et de surcroît magnifique du parcours. Des prairies, des sous-bois, des barbelés ; on monte, on descend. Impossible de s'ennuyer dans cette portion où l'environnement et la pente changent constamment ! Tout cela nous ramène finalement au plus bas du tracé, non loin de l'Aa et de son lit, sorte de fil rouge de notre escapade.

Une courte portion de plat avant de grimper une partie fraîchement défrichée agrémentée d'une corde en son sommet. Nous débouchons, sur une petite portion de macadam, ultime transition avant l'emballage final. Je rattrape ici les derniers concurrents du 15 kilomètres, nous nous encourageons mutuellement. Je reviens également sur le "roi des grimpeurs" du début de course. Le moins que l'on puisse dire est que, désormais, sa foulée est beaucoup moins aérienne... Arrivé à sa hauteur, complètement usé, il m'interroge sur la distance restant à parcourir ?!

Gros dilemme pour moi : lui indiquer uniquement les kilomètres ou les difficultés restantes ? Si l'on parle en kilomètres, l'arrivée est toute proche, 3 kilomètres tout au plus ! Si l'on parle en temps ou dénivelés, je pense pouvoir lui faire disparaître sa dernière once de motivation. J'opte finalement pour la seconde option préférant lui éviter une fausse joie.

Nous voilà donc lancée à l'ascension de la dernière pâture, nous ramenant sur les hauteurs de la Réserve Naturelle. Nous attaquons ainsi les coteaux par leur sommet !


Le final :

Avant d'entamer la première "dégringolade", il est nécessaire d'enjamber à nouveau des barbelés. Au moment de mon arrivée, une concurrente du 15 km est bloquée au beau milieu ! Contrairement à ce que je pensais, elle n'est pas accrochée par les griffes acérées mais tétanisée de douleur par les crampes qui viennent de la surprendre.

Elle parvient finalement à s'extirper et reprend son chemin de croix sous nos encouragements. Impossible se lâcher dans cette descente, le terrain est bien trop piégeux. A peine en bas, que le parcours reprend progressivement de la hauteur. Le flot de coureurs se fait plus dense et l'état de forme physique est quasi uniforme.
Nous redescendons à nouveau au plus bas de la pente. Ici, une bénévole nous annonce encore deux belles grimpettes ! La première est la plus "historique". Qu'elle est désormais loin l'édition 2010 où nous n'avions gravis qu'à une reprise le coteau, empruntant justement cette même montée ! Il s'agit assurément de la plus abrupte. Pour notre plus grand bonheur, plusieurs arbres parsèment ce mur et sont autant d'appuis providentiels pour nous permettre de récupérer un court instant.

 Comme à l'accoutumée, le sommet de ce spot fait le bonheur des photographes ! Mais pour cette année, impossible de trouver une photo de moi à ce moment sur le site (ma tête devait probablement être trop effrayante).

Avant d'entamer l'ultime difficulté, nous passons devant deux jeunes hommes barrant le chemin qui pourrait tout à fait nous ramener plus rapidement sur les bords de l'Aa. Je leur propose, à tout hasard dix euros, en contrepartie de quoi il m'ouvrirai la voie. Refus catégorique ! Bon bah, s'il faut encore grimper, on va grimper. Nous ne sommes plus à ça prêt !

A plusieurs reprises je suis contraint de stopper afin de laisser refroidir mes cuisses et mollets proches de la rupture ! Au moment de franchir le dernier barbelé, je ressens une pointe derrière la cuisse. La crampe était toute proche ! Heureusement, il est grand temps de plonger définitivement sur Elnes. Les marches précédents le retour au coeur du village représentent le dernier piège pour les membres endoloris... Il n'y a ensuite qu'à dérouler jusqu'au lieu de baignade.

Et là, sans prévenir, mon mollet droit se raidit brusquement. Obligé de m'arrêter pour m'étirer alors que la ligne est si proche ! Je reprends mon chemin avant que mes suivants ne se rapprochent de trop ! Aussi violement que le premier, c'est maintenant mon mollet gauche qui me cloue sur place ! Clopin-clopant je me force pour atteindre les bords de l'Aa, persuadé qu'un bon bain d'eau fraîche me fera le plus grand bien... Bingo, à peine d'en l'eau, le contact avec le froid fait disparaître les crampes comme par miracle.

Une fois sorti de l'eau, plus aucune douleur pour atteindre la ligne. Je réussi finalement à conserver une avance suffisante sur mes poursuivants. Je termine 33e en 3h17 bien fatigué mais heureux d'avoir une nouvelle fois pu arpenter ce secteur magnifique.

Merci aux organisateurs et bénévoles pour ce magnifique trail.


L'après-course :

Le constat est sans appel ! Plus les années passent, plus cette épreuve me semble devenir incontournable. Au même titre que les poilus, tout semble être pensé par des passionnés, pour des passionnés.

Le parcours nous dévoile chaque année de nouveaux trésors du secteur. J'ai déjà hâte d'être à 2013 pour m'aligner (enfin) sur la distance la plus longue et découvrir d'autres méandres de la région de Lumbres et ses coteaux !

Au delà du parcours, l'ambiance générale fut excellente que ce soit avec les autres concurrents (toutes distances confondues) ou les bénévoles présents.

Longue vie au Trail des Coteaux de l'Aa !!

Quant à moi, place désormais aux 6 heures de l'écho et, pourquoi pas, au trail des Tordus le 8 juillet...